Rencontre littéraire avec Scholastique Mukasonga
© Fondation Jan Michalski, Wiktoria Bosc
Événement
terminé
Français
CHF 10.-, sur réservation
Biographie
Née en 1956 au Rwanda, Scholastique Mukasonga est une auteure, nouvelliste et romancière d’expression française. Dès l’enfance, son existence se trouve profondément marquée par la violence des conflits ethniques qui secouent son pays. En 1960, sa famille est déplacée dans une région insalubre. Chassée de l’école d’assistantes sociales, elle doit s’exiler au Burundi en 1973, où elle obtient son diplôme, avant de s’établir en France en 1992. Deux ans plus tard, les massacres des Tutsis à Nyamata comptent parmi leurs centaines de milliers de morts trente-sept membres de sa famille, dont sa mère.
Scholastique Mukasonga entre en littérature par un récit autobiographique, Inyenzi ou les Cafards, en 2006 : un témoignage essentiel sur quarante années de persécutions, au cœur d’un Rwanda postcolonial, avant que n’éclate la tragédie. Écrits pour offrir un sépulcre de mots aux disparus, ses textes n’ont de cesse d’arpenter le territoire de la mémoire, s’attachant sans relâche à dire l’indicible d’un génocide, les deuils inaccessibles, le refus de l’oubli mais également les nécessaires chants de vie et l’âme bouleversée d’un peuple. La femme aux pieds nus (2008, prix Seligmann contre le racisme) se souvient de la figure maternelle, assassinée, et à travers elle de toutes les mères courage rwandaises. S’ensuivent deux recueils de nouvelles – L’Iguifou (2010, prix Renaissance de la nouvelle et prix de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer) et Ce que murmurent les collines (2014, Grand Prix SGDL de la nouvelle) – et deux romans – Notre-Dame du Nil (2012, prix Ahmadou Kourouma et prix Renaudot) et Cœur tambour (2016). Son dernier titre, Un si beau diplôme, paru début mars chez Gallimard à l’instar des précédents, revient à la veine autobiographique, quand l’école et le chemin de l’exil restent le seul horizon pour s’élever au-dessus des combats raciaux et échapper à une mort certaine : un talisman, lui disait son père, contre toutes les désespérances.
La langue éminemment poétique de Scholastique Mukasonga, acérée, ponctuée de fantaisie, à l’émotion aussi délicate que cruellement douloureuse, charrie tourments et souffrances pour laisser entendre les murmures des mille collines rwandaises, ombrées par le souvenir, ourlées de la lumière de l’espoir.
Modération
Christine Le Quellec Cottier