Auteur majeur du XXe siècle, Henri Michaux (1899 – 1984) est de ceux qui, loin de l’éclat des projecteurs, ont poursuivi une recherche des profondeurs. Son œuvre témoigne d’une expérience : celle de vivre, dans une remise en question inlassable des apparences et des certitudes. Ainsi le poète se fait-il dynamiteur de toutes les frontières, surtout celles du dedans.

Comme si les mots ne suffisaient pas pour témoigner des voyages nécessaires, Henri Michaux a développé, dès la fin des années trente, un passionnant travail graphique. Peintures et dessins sont autant de signes, mais aussi de véhicules d’une exploration au long cours, sans qu’il n’y ait jamais rien d’illustratif. Là encore les limites sont poreuses. S’agit-il d’écritures qui évoquent des corps et des visages ou de dessins qui inventent un alphabet pour l’humanité ?

C’est un ensemble fascinant que celui rassemblé par Rainer Michael Mason, le commissaire de l’exposition. Il compte septante pièces, réalisées entre 1937 et 1984. Peu ou jamais montrées, elles proviennent d’une collection référentielle prêtée à la Fondation Jan Michalski.