Joan Didion
L’année de la pensée magique
Dans son esquisse à un troisième journal, Max Frisch écrivait qu’il manquait aux américain·es un rapport au tragique. Joan Didion dans son Année de la pensée magique (Grasset, 2007) – essai remarquable et sans détour sur la mort de son mari John Gregory Dunne - confirme la pertinence de la remarque de l’écrivain zurichois. Pas de tragédie donc, elle attaque le deuil comme elle seule sait le faire. Comme elle l’avait fait pour l’avortement de Maria dans Play It As It Lays (Farrar, Straus et Giroux, 2005, catalogue) : d’une façon clinique, laconique et cruelle. Née dans une vieille famille américaine de souche alsacienne en 1934, elle fourbira sa plume dans les grands magazines de l’époque tels que Vogue ou encore le New York Time avec de longs reportages qui seront regroupés sous le titre L’Amérique (Grasset, 2015, catalogue) pour l’édition française, avant de passer aux romans. Pour Pierre-Yves Pétillon dans son Histoire de la littérature américaine : 1939 - 1989 (Fayard, 2003, catalogue), elle aura été « l’un des meilleurs sismographes des années soixante » de cette tectonique des plaques du Big nowhere californien. Didion saura mettre à jour cette faille où l’on bascule doucement mais sûrement dans la folie. Bret Easton Ellis - qui vénère Didon - apprendra la leçon et s’en inspirera pour son roman Less than zero (Vintage, 1998, catalogue). Après ces deux-là, nous saurons que dans l’Ouest à « chaque fois qu’on retourne une pierre, il y a un serpent dessous. »
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