Le Prix Jan Michalski de littérature 2011 est attribué à l’écrivain hongrois György Dragomán pour son roman Le roi blanc.
Le Prix Jan Michalski de littérature 2011 est attribué à l’écrivain hongrois György Dragomán pour son roman Le roi blanc (Gallimard, 2009), qui décrit avec beaucoup de sensibilité l’oppression d’une dictature, celle de Ceausescu en l’occurrence, par les yeux d’un enfant. Un grand livre sur la peur et sur les façons de la combattre par l’espoir et l’imagination.
Lauréat·e
Le travail sur le passé communiste est l’une des grandes tâches de la politique culturelle en Europe de l’Est. Tout rapprochement, toute paix, toute justice sont impensables sans inventaire critique des méthodes répressives ainsi que des existences réprimées, sans compréhension approfondie de la brutalité du système. La domination oligarchique de l’ancienne nomenklatura empêchant tout travail juridique, médiatique ou scientifique dans de nombreux pays d’Europe de l’Est, il faut bien que la littérature s’en charge. La Roumanie fait partie de ces pays.
Avec Le roi blanc, György Dragomán, issu de la minorité hongroise de Roumanie, nous a donné sur ce sujet un premier chef-d’œuvre bouleversant. En adoptant le point de vue d’un enfant de onze ans, il décrit la manière dont l’État prend une famille dans ses rets et la détruit. Le père, qui a eu le courage de manifester son opposition, se fait arrêter un beau jour et disparaît (il est déporté comme travailleur forcé sur le canal du Danube). L’univers du jeune garçon s’assombrit alors de plus en plus, la violence, le désespoir, l’absurdité et l’absence de morale définissent son quotidien, sans qu’il soit capable de sonder les abîmes de la perversité au pouvoir. Tout ce qui relève d’une vision du monde naïve ou ignorante fait particulièrement bien ressortir l’inhumanité grotesque de cette société.
Lauréat du Prix Jan Michalski 2011, György Dragomán reçoit une récompense de CHF 50’000.- ainsi qu’une œuvre de l’artiste Olivier O. Olivier choisie à son intention : Paysage avec remparts, 2001, huile sur toile.
Biographie
György Dragomán, né en 1973 à Târgu Mureș/Marosvásárhely en Roumanie, au sein de la minorité hongroise de Transylvanie, émigre en Hongrie à l’âge de quinze ans. Titulaire d’un doctorat de littérature anglaise moderne, il est établi à Budapest. Ses romans, écrits en hongrois, reçoivent des prix de renom et sont traduits dans plus de trente langues. Parallèlement à son activité d’écrivain, György Dragomán traduit en hongrois des auteurs britanniques, tels que James Joyce, I. B. Singer, Neil Jordan, Irvine Welsh et Ian McEwan.
Sélections
Le roi blanc
Proposé par Ilija Trojanow
Le moindre des mondes
Proposé par Nuruddin Farah
Ilustrado
Proposé par Vera Michalski-Hoffmann
Godot’s Shadow
Proposed by Wlodzimierz Bolecki
Ilustrado
Proposé par Vera Michalski-Hoffmann
La philosophie du porc et autres essais
Proposé par Fabienne Verdier
Le moindre des mondes
Proposé par Nuruddin Farah
Le roi blanc
Proposé par Ilija Trojanow
Pol Pots leende
Proposé par Wlodzimierz Bolecki
Projet Solitude
Proposé par Georges Nivat
Jury
Vera Michalski-Hoffmann, Présidente du jury
Editrice, Vera Michalski-Hoffmann s’est investie pour promouvoir la littérature en créant le groupe éditorial Libella avec Jan Michalski. A partir de 1986, de nombreux auteurs ont été traduits en français et en polonais dans les maisons d’édition Noir sur Blanc, Buchet-Chastel, Phébus et Wydawnictwo Literackie. En 2004, Vera Michalski créée la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature avec pour mission de promouvoir le goût de lire et d’apporter un soutien aux écrivains.
Wlodzimierz Bolecki
Né en 1952 à Varsovie, Włodzimierz Bolecki est théoricien et historien de la littérature polonaise. Diplômé de philologie à l’Université de Varsovie en 1976, il obtient son doctorat en études littéraires en 1980 et enseigne en tant qu’assisant, professeur associé puis ordinaire à l’Académie polonaise des arts et sciences depuis 1981. Conférencier, il intervient dans de nombreuses universités étrangères notamment en République tchèque, Danemark, France, Pays-Bas, Canada, États-Unis, Suède, Royaume-Uni, Suisse. Il est membre du PEN Club, de l’Association des écrivains polonais, de la Société scientifique de Varsovie et de la Société littéraire Adam Mickiewicz. Par ailleurs, il est l’auteur de livres, articles, études et l’éditeur de publications collectives.
Nuruddin Farah
Né en 1945 à Baidoa, Nuruddin Farah est un romancier, nouvelliste et essayiste somalien de langue anglaise. Étudiant à l’Université du Panjab en Inde puis enseignant à l’Université nationale de Somalie, il publie son premier roman Née de la côte d’Adam en 1970, édité en français chez Hatier en 1987. De son importante production littéraire, paraissent en français Du lait aigre-doux (1995), Sardines (1996), Sésame, ferme-toi (1998) dans la collection « Littératures d’émergence » des éditions Zoé et Territoires (1995), Dons (1998), Secrets (1999), Hier, demain (2001, préfacé par Jean-Christophe Rufin) et Exils (2010) aux éditions Le Serpent à plumes. Ses romans, traduits en une quinzaine de langues, lui valent différents prix tels que le Kurt-Tucholsky-Preis en 1991, le Neustadt International Prize for Literature en 1998 et le Lettre Ulysses Award en 2003.
Georges Nivat
Né en 1935 à Clermont-Ferrand, Georges Nivat est slavisant, traducteur spécialiste du monde russe, professeur émérite à l’Université de Genève et recteur du Centre universitaire Lomonossov. Après l’obtention d’une licence de russe et d’anglais à la Sorbonne, il embrasse une carrière académique en enseignant tour à tour à l’Université de Toulouse, de Lille et de Paris X. En parallèle, il collabore avec deux maisons d’édition, l’Âge d’Homme et Fayard, puis devient président des Rencontres Internationales de Genève. À l’origine de nombreux ouvrages et traductions, il publie notamment une trilogie sur la culture russe à l’Âge d’Homme : Vers la fin du mythe russe (1982), Russie-Europe, la fin du schisme (1993) et Vivre en russe (2007). Il est nommé docteur honoris causa de l’Académie Mohyla à Kiev.
Ilija Trojanow
Né en 1965 à Sofia, Ilija Trojanow est un écrivain, essayiste, traducteur et éditeur bulgaro-allemand. En 1971, sa famille fuit la Bulgarie pour l’Allemagne, où elle obtient l’asile politique, puis s’établit au Kenya pendant douze ans. Entre 1984 et 1989, il poursuit des études de droit et d’ethnologie à l’Université de Munich. En 1989, il fonde la maison d’édition Marino spécialisée dans la littérature africaine, puis publie des essais et récits de voyage sur l’Afrique ainsi que des traductions allemandes d’auteurs africains. Son premier roman traduit en français, Le collectionneur des mondes, paraît en 2006 aux éditions Buchet-Chastel et remporte le Prix de la Foire du livre de Leipzig la même année. Depuis 2002, il est membre du PEN club d’Allemagne.
Fabienne Verdier
Née en 1962 à Paris, Fabienne Verdier est une peintre française connue son œuvre d’inspiration calligraphique. Diplômée de l’École supérieure des beaux-arts de Toulouse, elle étudie dès 1984 à l’Institut des beaux-arts de Sichuan en Chine où elle reste pendant dix ans. De son expérience naît un livre, Passagère du silence. Dix ans d’initiation en Chine publié aux éditions Albin Michel en 2003. Exposés à travers le monde, ses travaux intègrent les collections permanentes d’institutions telles que le Centre Pompidou et le Musée Cernuschi à Paris, le Ministère chinois de la culture à Pékin ou encore la Fondation Hubert Looser à Zurich.
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