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Rencontre littéraire avec Sacha Filipenko

Quand l’écrivain biélorusse Sacha Filipenko publie en russe « Un fils perdu », en 2014, le roman connaît un très large succès : il est adapté sur scène, traduit en plusieurs langues et reçoit le prix Rousskaïa Premia, l’un des prix littéraires les plus prestigieux de Russie. Aujourd’hui, à l’ombre des mouvements démocratiques de 2020 en Biélorussie réprimés par le régime d’Alexandre Loukachenko, sa traduction en français en fait résonner crûment la clairvoyance. À travers la trajectoire de son héros Francysk, un lycéen étudiant en musique plongé pendant dix années dans le coma, Sacha Filipenko métaphorise la destinée de toute une nation paralysée dans une dictature. Car après avoir été veillé avec soin et espoir par sa seule grand-mère, Francysk se réveille dans un monde en contraste : la vieille dame est décédée et son entourage s’est éparpillé dans des vies loin de la sienne tandis que le pays, lui, est resté figé dans l’autoritarisme. Il devra partir en quête d’une nouvelle place, au fil de ce récit à l’écriture bouleversante, porteuse d’une acuité politique salutaire et plus que jamais d’actualité.

Sacha Filipenko, né à Minsk en 1984, est un écrivain biélorusse d’expression russe. Après une formation en musique classique, il étudie la littérature à Saint-Pétersbourg, puis travaille comme journaliste et scénariste, notamment pour la chaîne de télévision indépendante Dojd’. Ayant pris publiquement position contre le régime de Loukachenko, il est désormais forcé de vivre en exil. « Un fils perdu » (Noir sur Blanc, 2022) est son troisième roman publié en français, après « La traque » et « Croix rouges » (Syrtes, 2020 et 2018). Ses ouvrages interrogent, par le biais de la fiction, la violence des régimes soviétique et postsoviétique, les rouages de la terreur et leurs marques sur les êtres qui y sont confrontés.

Fondation Jan Michalski, le 10 juin 2022