Lecture musicale par Frédéric Pajak et Mathilde Peskine « Nietzsche au piano »

Si Friedrich Nietzsche écrit à plusieurs reprises que « la vie sans musique n’est qu’une erreur », c’est que le philosophe se dit musicien avant tout, et philosophe parce que musicien. Lui-même fut un pianiste remarquable, doué pour l’improvisation, et compositeur de lieder, de sonates et d’un poème symphonique, aux tonalités juvéniles et mélancoliques, où rien ne semble jamais achevé. La musique imprègne son existence et sa pensée jusque dans les inflexions de son écriture. Tandis qu’il a déclaré la mort de Dieu, solitaire intraitable, visionnaire et pourfendeur du nihilisme, Nietzsche souhaite provoquer la naissance d’un monde nouveau, inspiré par une esthétique nouvelle qui ne peut être, selon lui, que musicale. Cette musique d’avenir, salvatrice, serait méditerranéenne, « dionysiaque », aux antipodes de la grande musique allemande, en particulier de celle de Wagner, à chercher dans les anciens chœurs de la Grèce antique. Dans cette lecture musicale de son dernier ouvrage « Nietzsche au piano » (Noir sur Blanc, 2024), Frédéric Pajak, accompagné de la pianiste Mathilde Peskine, se penche sur la passion tourmentée du philosophe pour la musique. Entre les mots et les notes, se dessine une singulière utopie nietzschéenne, une quête au fil d’une vie de combats, émouvante et tragique.

Fondation Jan Michalski, le 25 janvier 2024