« La mémoire du Goulag » conférence d’Elena Zhemkova
Évoquant la victoire de Stalingrad, en février 1943, contre la Wehrmacht, l’écrivain Vassili Grossman a écrit à propos de Staline : « C’est l’heure de son triomphe, il n’a pas seulement vaincu son ennemi présent, il a vaincu son passé. L’herbe se fera plus épaisse sur les tombes de 1930 dans les villages. Les neiges et les glaces du cercle polaire resteront silencieuses. » Gommer le passé, mentir sur le présent, tromper sur le futur est le propre des régimes totalitaires. Les peuples libérés de leur emprise doivent se réapproprier leur vraie histoire pour pouvoir affronter l’avenir. À la chute de l’URSS, des milliers de familles ont voulu connaître le sort de leurs proches disparus dans les camps. Ce travail de mémoire, commencé à la fin des années 1980 par l’organisation Memorial, Prix Nobel de la paix en 2022, est désormais interdit par le pouvoir russe, et les membres de l’organisation sont poursuivis en justice. Les traces du Goulag, elles, restent visibles dans la Russie actuelle, et les plaies laissées ne se sont pas refermées.
Fondation Jan Michalski, le 30 mai 2024