Olivier Rolin
Le météorologue
C’est la découverte de la correspondance qu’il entretient entre 1934 et 1937 avec sa femme et sa toute jeune fille depuis les îles Solovki qui décide Olivier Rolin à enquêter sur le destin d’Alexeï Féodossiévitch Vangengheim, le héros de son récit Le météorologue (Éd. du Seuil, 2014). Il y rencontre un savant, mari et père (aux lettres sont souvent joints des dessins, des herbiers, des devinettes destinés à éveiller sa fille) que les distances ne peuvent réduire au silence qui dissout tous les liens. De telles correspondances témoignent de cette conviction peut-être, dans l’esprit de leurs auteurs, qu’au-delà d’eux subsistent des valeurs à sauver du naufrage qui emporte tout.Déporté en même temps que lui sur les îles Solovki (et exécuté probablement comme lui fin 1937), le météorologue fait là-bas connaissance avec Pavel Florenski, l’un des esprits les plus originaux et les plus érudits du siècle, que l’on compare souvent à Léonard de Vinci pour l’étendue de ses compétences et que son ami Rozanov appelle « le Pascal russe du XXe siècle ». La correspondance qu’il entretient lui aussi depuis les îles Solovki avec sa famille (sa mère, sa femme, ses trois fils et ses deux filles) est publiée en français dans son intégralité aux éditions de l’Âge d’homme (Lettres de Solovki : 1934-1937, 2012, catalogue). Le « pope encyclopédiste » y fait preuve d’un sens aigu de la pédagogie et d’une délicatesse affective bouleversante compte tenu des conditions de détention qui se détériorent de jour en jour sur les Solovki.
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