Hans Magnus Enzensberger
Le bref été de l’anarchie
Face à l’encerclement de Madrid par les forces nationalistes, le gouvernement républicain fait appel en automne trente-six aux troupes anarchistes basées sur le front de Saragosse. Le 20 novembre 1936, aux abords de la cité universitaire de Madrid, leur leader Buenaventura Durruti s’écroule, une balle dans le dos. Tirée par qui ? Les fascistes ? Les communistes ? Son garde du corps ? Un accident ? Hans Magnus Enzensberger, dans Le bref été de l’anarchie (Gallimard, 2010) répond et ne répond pas. Ou bien si, et de la meilleure manière possible : en répondant que rien ne va de soi.Dans ce roman publié en 1972, l’écrivain allemand Enzensberger choisit la forme qui lui convient le mieux pour raconter l’existence et la mort de Buenaventura Durruti : un style documentaire où chaque évènement est progressivement amené par différentes personnes, tracts, articles d’encyclopédie, discours. Ce collage, savamment orchestré, donne aux lecteur·rices cette sensation que l’Histoire est insaisissable, d’un réel spectral. Enzensberger intervient tout de même entre les grandes thématiques qui découpent Le bref été de l’anarchie pour y apporter son regard, poser d’autres questions face à l’historiographie et à tous ces rêves d’utopie fracassés. De ce bref été de l’anarchie, Hans Magnus tirera un documentaire, Ich bin keiner von uns (1999).
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