Rodrigo Rey Rosa
Les sourds
Rodrigo Rey Rosa est né en 1958 à Ciudad de Guatemala. Pris par la wanderlust, il passera du temps à New York, Paris, Londres et surtout Tanger où il rencontrera Paul Bowles – qui traduira ses premières nouvelles en anglais. L’influence de ce dernier est marquante (« une inquiétante étrangeté, une inquiétante familiarité »), tout comme celle de Borges. Le chilien Roberto Bolaño consacrera deux courts textes à Rey Rosa dans son recueil d’interventions, d’articles et d’entretiens, édité à titre posthume sous le titre Entre parenthèses (C. Bourgois, 2011, catalogue).Pour une fois la sempiternelle estampille du « réalisme magique » pourrait signifier quelque chose avec les récits du nicaraguayen Rodrigo Rey Rosa. Une magie, certes, mais particulière : celle à coup de pilules artificielles comme dans son roman Les sourds (Gallimard, 2014). Pour le réel, c’est celui du Guatemala, devenu au fil des années l’un des pays les plus violents du monde. Une élite corrompue (à tel point que lors d’un enterrement on ne sait même plus si le défunt était un narco ou un homme politique) qui se lance à corps perdu dans les paradis artificiels, les habitacles fumés de leur voiture tout terrain ou encore dans la vacuité de bordels rococo flambants neufs. Mais le réel finit par les rattraper à un moment ou à un autre : une mort violente, un enlèvement, un accident de la route ou la justice indigène. C’est là que Rey Rosa place son curseur souvent d’une façon elliptique : ce moment où le basculement se fait entre cet onirisme artificiel et la réalité abrupte du monde. D’où des romans très proches de la science-fiction. Mine de rien, au milieu de ce foisonnement qu’est actuellement la littérature latino-américaine (et particulièrement celui de la littérature mexicaine), Rodrigo Rey Rosa apparaît comme l’une de ses voix les plus subtiles et originales.
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